Vers la fin de l’opposition suédoise à la Politique Agricole Commune ?

Six députés européens représentant le parti social-démocrate du parlement européen publient une tribune dans Dagens Nyheter : « la Suède doit cesser d’exiger un démantèlement total et immédiat des subventions agricoles si elle souhaite exercer une influence quelconque sur les négociations en cours et à venir concernant l’avenir de la PAC ».

« Nous rencontrerons bientôt le Ministre suédois de l’agriculture pour lui faire part de nos propositions. Notre message est clair : les subventions agricoles et la politique de soutien aux marchés doivent être, à terme, démantelées. Mais nous devons nous montrer pragmatiques. Le gouvernement doit à cet égard cesser de défendre une position extrême qui exclut de fait la Suède de la table des négociations, mais adopter une politique qui tienne réellement compte des intérêts suédois. (…) ».

« Soyons clairs : il nous faut obtenir, à terme, la déréglementation et la diminution des soutiens à l’agriculture. Mais dans la mesure où ces soutiens continueront à exister, notre ligne devrait être s’appuyer 4 grands principes :
1) Nous avons besoin d’une PAC responsable, respectueuse de l’environnement. Elle doit constituer une plus-value pour l’ensemble de la société, et financer des mesures que les pouvoirs publics peuvent difficilement prendre en charge : protection de la diversité, qualité de l’eau et de l’air.
2) La réforme de la PAC devra se faire en liaison avec les objectifs définis par la Stratégie UE 2020.
3) La Politique agricole commune devra tenir compte de nos priorités en matière de développement. Il sera par conséquent nécessaire d’envisager la fin des soutiens à l’exportation.
4) La PAC devra enfin être plus juste, tant en ce qui concerne la répartition des fonds entre les Etats membres qu’entre propriétaires terriens et agriculteurs en activité ».

Marit Paulsen, députée européenne libérale, a réagi positivement à cette tribune : « Ces propositions me paraissent constituer une bonne base de départ dans la perspective des négociations. De toutes façons, nous devrons tous faire des concessions », a-t-elle déclaré à DN. La démocratie, c’est réaliser que tout le monde ne peut pas avoir tout ce qu’il veut  ». Une opinion que ne semble pas totalement partager le Ministre suédois de l’Agriculture : « Il existe une large communauté de vue entre les différents partis représentés au Riksdag. J’ai par ailleurs déjà discuté de ce sujet avec les Ministres des autres Etats membres. Les Allemands étaient ainsi à Stockholm l’autre soir. Etant donné les difficultés économiques et budgétaires auxquelles doivent faire face nombre de nos partenaires, je pense que nous ne resterons pas isolés dans nos revendications. »

« Beaucoup de bruit pour rien », commente le Göteborg Posten. « Après tout, les signataires sont d’accord sur l’essentiel avec le gouvernement : il faut démanteler la PAC ». Mais il est vrai que les questions agricoles sont plus complexes qu’elles ne le paraissent à première vue, et qu’à chaque argument en faveur de la déréglementation correspond un autre argument, tout aussi valable, en faveur de son maintien, poursuit, en substance le commentateur. « Alors mieux vaut formuler les choses ainsi : la PAC, telle qu’elle existe, doit être revue. Sur les besoins futurs de l’Europe en matière alimentaire, nous ne savons rien. Juste que la population mondiale augmente et, avec elle, la demande de nourriture. Autre certitude : la PAC devra être réorientée vers davantage de soutien au développement des zones rurales et en faveur de l’agriculture non rentable. Pour le reste, il faudra faire des compromis ».

Modifié le 03/03/2011

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